L'évolution politique et sociale

En France :
En Morvan : L'évolution politique et sociale
La société morvandelle du début du XIXème siècle oppose d'une part les grands propriétaires fonciers, nobles et notables d'Ancien Régime et, d'autre part, la masse des paysans pauvres, à la vie quotidienne difficile et même précaire. A l'ouest et au sud, dans le Morvan des domaines, les notables disposent à la fois de la forêt et des grands domaines (exploitations plus rentables, confiées à des fermiers et des métayers).

 

Dans le Morvan central et montagneux, les notables jouissent essentiellement de la forêt (flottage). Là, la paysannerie est constituée de petits et même de microexploitants, mais propriétaires, et d'une masse considérable de manoeuvriers très dépendants de leurs employeurs.

 

Cette opposition se retrouve diversement dans l'évolution politique de la première moitié du siècle. Jusque vers 1840, la paysannerie, très largement illettrée et par ailleurs soumise à l'influence d'un clergé défenseur de l'ordre social, reste également soumise aux notabilités qui trouvent terres, terrains de pâture, travail. Dans un système censitaire fort étroit, les notabilités et particulièrement les nobles légitimistes dominent la vie locale au temps de la Restauration, dans les conseils municipaux et la représentation aux conseils généraux. La Révolution de juillet 1830, au profit de Louis-Philippe, n'entraîne aucun bouleversement local, sinon la volonté du pouvoir de limiter l'influence légitimiste.

 

A partir de 1840, le Morvan connaît des troubles sérieux. Entre 1840 et 1843, une série d'incendies volontaires visent les forêts et les propriétés de grands notables (Choiserel, Sautereau du Part, Foulon de Doué) à Moulins-Engilbert, Montreuillon, Chaumard, Ouroux, Frétoy, Villapourçon, Moux, Alligny...

- Au début de 1846, des émeutes veulent empêcher le paiement des droits de place sur les marchés et les foires (Châtillon-en-Bazois, Château-Chinon...).

- Dans l'été 1846, la multiplication des incendies détermine une grande peur dans le nord, l'est et le sud du Morvan, avec des violences qui contraignent les autorités préfectorales à composer avec les paysans.

- Enfin, en 1846 dans le Morvan nivernais et en 1847 dans l'ensemble du Morvan, la crise des subsistances détermine des troubles graves. Comme partout dès 1845,à cause de la maladie de la pomme de terre, puis de la crise céréalière, avec forte augmentation des prix, les plus pauvres, incapables d'assurer leur subsistance déclanchent des attaques de boulangerie, de convois et de marchés de grains.

 

L'installation locale de la IIème République après la révolution parisienne de février 1848 se réalise sans difficulté mais l'agitation reprend dès mars/avril 1848. Pour la reconquête des droits d'usage et de pâturage en forêt, les petits paysans et les journaliers se soulèvent contre les agents des grands propriétaires à Arleuf, Corancy, Ouroux, Roussillon, Bazoches...

 

Le haut Morvan voit alors dans la Révolution et la République un rempart contre la noblesse. Rapidement déçus dans leurs espoirs (pas de règlements forestiers mais augmentation des impôts), les paysans accordent leur confiance à Louis Napoléon Bonaparte, candidat à la présidence de la République, élu le 10 décembre 1848. Il obtient en Morvan 80 % des suffrages car on voit en lui, non un conservateur, mais le rempart contre l'Ancien Régime.

 

Les législatives de mai 1849 sont l'occasion d'une poussée des républicains avancés, et des démocrates socialistes organisés en sociétés publiques (le Cercle démocratique de Château-Chinon) et secrètes (La Marianne). La peur sociale rallie les notables au Parti de l'Ordre (légitimistes, orléanistes, conservateurs) et finalement Bonaparte réalise le Coup d'Etat du 2 décembre 1851, massivement approuvé par les plébiscistes, en Morvan à plus de 95%.

Les républicains subirent une répression violente (prison, déportation en Algérie...)