Vauban et le Morvan

En France : Paysannerie et fiscalité au temps de Louis XIV
Au XVIIème siècle, au temps de Louis XIV, la population est composée de 80 % de paysans aux conditions de vie très difficiles. Ils sont surchargés d'impôts royaux comme la taille et la capitation (impôts directs sur les personnes et les biens), les aides (impôt indirect sur les boissons), la gabelle (impôt indirect sur le sel), et les traites (impôt indirect sur la circulation des marchandises). Ils doivent en plus payer un impôt à l'Eglise, la dîme, et des droits seigneuriaux.
En Morvan : Vauban et le Morvan

Issu d'une famille de petite noblesse, à la tête de la seigneurie de Vauban, dans le Nivernais, Sébastien le Prestre naît en 1633 à Saint-Léger-de-Foucheret, devenu au XIXème siècle Saint-Léger-Vauban. Il étudie à Montréal et à Semur-en-Auxois, puis exerce le métier des armes pour le Grand Condé, Mazarin et enfin pour Louis XIV. Pendant plus de quarante ans, au cours des guerres de siège, il déploie une prodigieuse activité au poste de Commissaire général des fortifications, organisant une ceinture de plus de 300 places fortes sur les frontières du royaume. Sur le tard, le Roi-Soleil élève ce nobliau morvandiau au grade suprême de Maréchal de France.
Ses origines, son mariage avec une fille d'ancienne noblesse de la seigneurie d'Epiry, au sud de Corbigny, et diverses gratifications royales lui permettent de se constituer un patrimoine foncier important dans le Morvan. En 1690, il est seigneur à Bazoches, Cervon, Charancy, Neuffontaines et Pierre-Pertuis. Il possède en propre 1200 hectares, dont 400 en forêts. En son absence, les baillis de Lormes, de sa parenté, gèrent sa fortune qui comprend également un manoir et deux châteaux. Celui de Bazoches, qu'il achète et fait remanier est le centre de ses domaines et la résidence perpétuelle de sa femme, qui y élève deux filles.

Au cours de ses brefs séjours à Bazoches, harassé et souffrant de bronchite chronique, Vauban travaille à de nombreux projets, comme, en 1686, celui de rendre navigables l'Yonne jusqu'à Corbigny, la Cure jusqu'à Vézelay et le Cousin jusqu'à Avallon. Il rédige de nombreux ouvrages. Le 'Mémoire sur le rappel des Huguenots'(1689)dénonce les périls causés par l'exil des protestants après la révocation de l'Edit de Nantes. En 1695, son 'Projet de capitation' présente un impôt frappant tous les groupes sociaux. Le 'Traité sur la culture des forêts' aborde la question de l'organisation du flottage du bois, alors que La 'Cochonnerie' est une notice exposant le 'calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps'.

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Mais son principal écrit sur la région est la 'Description géographique de l'Election de Vézelay'(1696), qui rassemble de nombreux renseignements sur la population et les ressources des cinquante-cinq paroisses de ce territoire, car Versailles commande des rapports sur l'état de la France et de ses ressources en temps de guerre. Il y présente, sans complaisance, un pays rude, aux terres 'peu fertiles' où l'élevage est 'mal mené'. La population, entachée de nombreux vices, connaît une forte émigration. Riche de quatorze propositions visant à résorber le problème de la pauvreté de la région et du royaume, la 'Description' est un important témoignage sur la population française et la mentalité des nobles à l'aube du XVIIIème siècle. Elle annonce le 'Projet de Dîme Royale', où Vauban propose de réformer entièrement les impôts français, et la fin de certains privilèges, ce qui vaut à cette oeuvre novatrice, son interdiction, l'année même de la mort de son auteur, en 1707.

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