Les vestiges d’une médecine médiévale

L’enquête a mis en lumière la survivance de modes thérapeutiques médiévaux, forme de résistance au progrès médical. Bien au-delà de l’usure du temps, quelques espèces particulières autorisent au maintien de la connaissance séculaire à travers le prolongement de la pratique. Le recours aux céréales, végétaux inférieurs et plantes toxiques sont autant de marques d’archaïsme thérapeutique, en vigueur jusqu’au milieu du XXe siècle.

Les céréales
Le cas des céréales illustre le prolongement de la médecine médiévale jusqu’à nos jours. Comme le rappelle Lieutaghi, le mot «tisane» est issu du grec «ptisanê», «orge mondé», puis «tisane d’orge». C’est surtout en application directe sur le corps que sont vantées les vertus de l’Avoine, dans les cas de «douleurs», de «refroidissement», de «fièvre», ou de «bronchite». Arrosée de vinaigre, puis chauffée dans une grande marmite, l’Avoine introduite dans un sac en toile est posée «sur les douleurs» ou rhumatismes, voire «sur la poitrine». Ce cataplasme a pour but de «réchauffer le corps», voire de le «faire transpirer». À l’Avoine se substituent parfois la «bouffe» ou «balle» d’Avoine (enveloppe du grain), le foin, voire le «pousso» de foin (poussière ou glumes des graminées). Bien qu’encore fréquente au début du siècle, cette forme de soin a de nos jours disparu en médecine humaine. En revanche, elle a persisté jusqu’à ces dernières années en médecine vétérinaire, notamment pour soigner les «refroidissements» des bovins.
Dans l’Avallonnais, cette céréale est utilisée en mélange contre la constipation. Il est recommandé de «faire bouillir ensemble des racines de Chiendent, celui qui trace, des grains d’Orge, du bois de Réglisse et des graines de Lin. En boire un jour sur deux. C’est pas bon au goût! ». Une informatrice rapporte que, dans le Val de Loire, «on faisait tremper des grains d’Avoine dans un bol d’eau le soir, on buvait l’eau le lendemain. C’était destiné aux gens qui travaillaient dur, qui ne buvaient pas assez».

Les champignons, lichens, mousses et fougères
Le recours aux plantes dites inférieures qui n’ont ni racine, ni tige, ni feuille, indique là aussi une survivance de pratiques lointaines. Champignons communs dans les bois en été et en automne, les Vesses de loup sont employées dans le traitement des engelures: «Mettre de la poudre de Vesse de loup sur les engelures des mains et des pieds». S’échappant à maturité sous forme de poussière, les spores exercent une action bienfaisante. Indication peu courante dans les ouvrages de pharmacologie, le soin des plaies et plus particulièrement des hémorragies par l’application de Lichens est renommé. L’usage des Mousses semble peu connu de la médecine savante. Pourtant plusieurs d’entre elles, notamment la «Mousse de charmille», auraient la propriété «de stopper l’hémorragie» et «d’apaiser les coupures». Peu citée à travers la littérature médicale, la Capillaire rouge (Asplenium trichomanes), petite Fougère, est employée dans le Morvan pour la fabrication de sirop contre la toux.
Dans un autre domaine, citons l’usage du Bédégar, galle de l’Églantier, réputé pour lutter contre certaines affections et qui signe l’empreinte de la médecine ancienne.

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  • Bédégar

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