Les «affaires de femme»
Les règles
Dédiée à Artémis, l’Armoise commune demeure la plante féminine par excellence. Son usage dans le domaine de la circulation de sang s’étend à celui des règles difficiles ou douloureuses. La plante aurait un effet régulateur important, ce qui lui vaudrait d’être employée tant pour «faire revenir les règles» que pour réguler le flux menstruel, et réduire le «trop de sang aux règles». Les femmes procèdent à l’infusion de la plante fleurie de préférence ou à défaut de ses feuilles sèches ou fraîches. Son emploi mérite prudence car elle a la réputation d’être abortive. Autre plante compagne des femmes, la Mélisse officinale «soulage les maux de ventre et les douleurs» au moment des règles. L’usage le plus répandu est l’infusion de ses sommités fleuries ou de ses feuilles. La macération est également pratiquée: «Je mettais des fleurs de Mélisse dans du vin blanc. J’y donnais un bouillon, je laissais infuser. Quand c’était encore chaud, j’en buvais un bol. J’allais me coucher et pis tiens, j’étais saoule! Et ça faisait transpirer». Le vin rouge est également recommandé: «Pour les règles, on prenait un bon verre de vin chaud sucré. On se couchait avec ça, c’était épatant! ».
La Reine des prés aurait la propriété de dissiper les douleurs menstruelles et la capacité de «faire repartir les règles» (sommités fleuries en infusion). Fréquents, ces maux sont traités par diverses infusions: Houblon subspontané (cônes), Ortie blanche (fleurs), Grande Camomille (fleurs), Bourse à Pasteur (feuilles et fleurs), Maïs (stigmates), Osier rouge (écorce râpée). La farine de Lin s’applique en cataplasme sur le ventre. Certaines macérations alcooliques, liqueurs d’Aurône mâle ou de Sureau noir, sont consommées pour leurs vertus thérapeutiques.
Plusieurs témoignages font mention des pratiques abortives, apanage de «quelques bonnes femmes» ou de «mauvaises femmes», et aux conséquences souvent dramatiques, accidents pouvant aller jusqu’à la mort de la parturiente: «J’ai simplement connu une personne,... qui préconisait une tisane avec ces arbustes-là pour faire avorter. De la Sabine, c’est ça... Elle s’enorgueillit d’avoir eu je ne sais pas combien de fausses couches! Enfin, on en a entendu de toutes les couleurs! ». D’autres informateurs citent l’usage de la Rue fétide ou encore de l’Armoise commune à haute dose, fortement déconseillé: «Faut pas blaguer avec ça, il y a des risques d’hémorragie». Il en va de même pour le Persil bouilli dans du vin blanc, «on risque d’y laisser sa vie». Dénommée «Harb’ à la fille perdue», l’Achillée millefeuille semblerait avoir des vertus «pour faire revenir les règles».
L’Armoise commune.
Les pertes blanches
L’unique plante maintes fois citée pour soigner les pertes blanches est l’Ortie blanche, dont l’usage semble motivé par la Théorie des Signatures. L’infusion des fleurs est administrée en lavement.
La sexualité
Certaines espèces végétales sont connues pour leurs propriétés aphrodisiaques ou anaphrodisiaques. Ainsi, «l’infusion de Menthe, c’est pour donner la sexualité... », tout comme la Sarriette. Il est également de notoriété populaire que «le Céleri, ça rend amoureux et les religieuses n’avaient pas le droit d’en manger. Et les moines avaient une liqueur qui coupait l’envie». Paradoxalement, plante des femmes par excellence, l’Armoise commune «coupe les effets de l’homme», tout comme si pôles féminin et masculin s’opposaient et s’excluaient ainsi d’autant plus.
La Menthe.
L’accouchement
Les qualités émollientes de la Guimauve officinale permettent d’adoucir les tissus: «Ça servait pour les accouchements, en bain de siège. On prenait toute la tige avec les fleurs. Je tiens ça de ma grand-mère». On conseille également de «faire cuire du son dans de l’eau. La future maman doit prendre un bain de siège avec l’eau de cuisson». D’autres informatrices recommandent «une quinzaine de jours avant l’accouchement, des bains de siège pour détendre les chairs».
L’allaitement
En cataplasme, certaines espèces ont une action efcace sur la lactation. «Pour stopper la montée de lait» fallait-il «appliquer un bandage de feuilles de Bardane sur les seins». On préparait des cataplasmes de Cerfeuil haché, incorporé à la graisse blanche ou du saindoux pour faire passer le lait en fin d’allaitement. Écrasé et appliqué sur la poitrine ou bien consommé comme condiment, le Persil possède les mêmes propriétés. «On appelle ça couper le lait». Aussi, par précaution, «une personne qui élève son bébé, il faut éviter de lui mettre du Persil dans son manger». Dans le Morvan, où les jeunes mères quittaient foyer et enfants pour s’employer comme nourrices auprès des petits Parisiens, se raconte l’anecdote suivante: «On mettait du Persil haché dans le potage des nourrices quand on ne voulait pas qu’elles soient nourrices ou qu’on était jalouse d’elles».
La ménopause
Outre les plantes citées pour les «problèmes de circulation», certaines espèces ont la réputation d’agir favorablement sur les troubles de la ménopause. Dépuratif léger, l’infusion de Pensée sauvage est recommandée «pour la circulation au moment de la ménopause», et celle de sommités fleuries de Reine des prés ou de feuilles de Sauge «pour le retour d’âge». Notons que certains informateurs attestent que «les hommes ont aussi leur ménopause», période de fragilité corporelle pour les deux sexes, redoutée comme siège potentiel de maladies sérieuses.
La vieillesse
Affaiblies, les personnes âgées consomment des préparations apéritives et fortiantes. Sujettes aux troubles nerveux, elles absorbent les tisanes de Valériane officinale, ainsi que de Tilleul «pour dormir». Celles d’Aubépine apaisent leurs problèmes cardiaques. En infusion ou décoction, les fleurs de Reine des prés ou de Genêt à balai, les feuilles de Busserole, la paille d’Avoine, les queues de Cerise ou les racines de Chiendent sont autant de diurétiques stimulant la fonction rénale et urinaire.
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