L’enquête
Le contact avec les personnes rencontrées, ou informateurs, fut facilité par le rôle intercesseur d’aimables connaissances. Ils comptent parmi les agriculteurs, forestiers, vétérinaires, pharmaciens, enseignants ou religieux. Fréquemment âgés, ils apparaissent comme les derniers témoins d’une époque révolue et, par conséquent, les seuls dépositaires d’un vaste savoir local relatif aux usages des plantes. Au fil des mots et des évocations diverses, bien souvent surgies de la profondeur du temps, les entretiens ont incité à la résurgence de la mémoire collective. Les enquêtes orales ont moins pour objectif un inventaire exhaustif des pratiques qu’un essai de compréhension de la place du végétal dans la vie quotidienne. Elles tendent à mettre en relation le milieu naturel, les représentations collectives, les pratiques et l’organisation sociale.
Sur l’ensemble de la Bourgogne, plus de 210 informateurs ont bien voulu nous ouvrir les portes de leur maison, leur mémoire et généreusement leur cœur. En effet, plantes, tisanes et liqueurs furent souvent offertes. Une fois même, au terme de l’entretien, l’informatrice me remit un œuf en présent, «parce que, me dit-elle, chaque personne nouvelle qui entre dans une maison, on doit lui donner un œuf, c’est comme ça dans notre Morvan! ».
Par ailleurs, 23 foyers des aînés ruraux ont été sollicités, ainsi que quelques écoles, notamment en réactivant la mémoire à l’aide de projections de diapositives, de sorties et de débats. Dans le cadre d’une étroite collaboration avec le Parc naturel régional du Morvan, l’Université pour Tous de Dijon a participé à diverses enquêtes, principalement en Côte-d’Or.
Le suivi général de ce programme a été assuré par François Portet, conseiller sectoriel à l’ethnologie, à la Direction Régionale des Affaires Culturelles, par Nicolas Millet, alors chef du Service de la Culture du Conseil Régional de Bourgogne, ainsi que par Jean-Claude Nouallet, alors chargé de mission au Parc Naturel Régional du Morvan. Il a lui-même réalisé diverses enquêtes, notamment dans le Bassin minier, ainsi qu’auprès de divers Foyers des Aînés Ruraux et quelques écoles.
Tout au long de son déroulement, cette enquête a bénécié des recommandations et du soutien fort précieux de Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste. Il a généreusement bien voulu nous faire partager les fruits de sa riche expérience dans le domaine ethnobotanique, qu’il a fait refleurir et découvrir lors de ces dernières décennies. Pierre Lieutaghi a fortement contribué à la structuration des données recueillies, ainsi qu’à leur analyse. Le système de classication par domaines pathologiques qu’il propose dans «L’Herbe qui renouvelle» a largement inspiré ce travail, encore éclairé par sa connaissance approfondie des conceptions populaires en médecine.
Les conseils et l’attention constante du regretté Jacques Barrau, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle, ont guidé fort à propos cette recherche. Il nous faut encore souligner l’apport de plusieurs ethnologues, notamment à l’occasion du séminaire «La Plante et le corps».
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