La peau

Les plaies et coupures
L’importance des plantes médicinales soignant les affections externes traduit la fréquence des lésions auxquelles est exposée la population agricole et forestière. La majorité des plaies est traitée par des cataplasmes de plantes fraîches macérées, sous forme de pétales ou de feuilles entières. L’aspect souvent lisse, parfois charnu, des feuilles symbolise une peau saine et donc la cicatrisation des plaies. Sur les coupures sont ainsi appliquées des feuilles de Plantain passées dans l’eau bouillie, de Géranium herbe à Robert, de Bouillon blanc et de Chèvrefeuille. Quant au Géranium cultivé, il convient d’apposer «le côté velouté de la feuille sur la plaie». Certains informateurs rapportent qu’avec les feuilles de la Scrofulaire noueuse «la coupure est reprise en une nuit»! Contrairement à toutes ces plantes utilisées fraîches, les alcoolatures permettent le soin des plaies à tout moment, été comme hiver. Ces préparations comptent les macérations à base de pétales de Lys blanc, de fleurs de Millepertuis perforé, de sommités fleuries de Lavande, de feuilles de Sceau de Salomon, ou encore de celles d’Agripaume cardiaque. Macérés dans l’huile, le Souci des jardins ou le Millepertuis perforé s’appliquent aussi sur les plaies. Quelques Lichens et Mousses exercent une influence favorable sur les coupures et les hémorragies.

Les épines et corps étrangers
Sur les plaies engendrées par l’intrusion d’épine ou de corps étranger sont étendues des compresses de pétales de Lys blanc macérés dans l’alcool, de peaux d’Oignon ou encore de feuilles de Ronce enduites de crème fraîche. Les bains d’infusion de fleurs de Sureau noir ont une action émolliente qui favorise l’expulsion de l’épine. Celle-ci s’obtient encore par des cataplasmes de mie de pain trempée dans une infusion de fleurs de Bouillon blanc et mélangée à ces mêmes fleurs.

Les ulcères
Les cataplasmes de feuilles de Bouillon blanc, de Chou ou de Géranium herbe à Robert sont prescrits dans le soin des ulcères. Réputée secrète, une préparation à base de Scrofulaire noueuse et de Linaire striée jouit d’une grande renommée dans l’ouest du Morvan. Se laver les plaies avec des infusions de Millepertuis aurait également un effet bénéque.

Les piqûres d’insecte
Les bains et les cataplasmes de fleurs de Sureau noir ou de Séneçon commun calment l’inflammation due aux piqûres d’insecte. L’Oignon demeure le remède classique de celles de guêpe ou d’abeille: «Quand on allait dans les vignes, on avait toujours un Oignon dans sa poche. On était toujours piqué par les guêpes! Il y avait plein de guêpes dans les raisins. Alors on passait un Oignon. On le coupait... et on passait l’Oignon dessus. C’est le jus, ça empêche d’enfler et ça calme la douleur». Le Persil est aussi recommandé: «Écraser le Persil dans les mains pour le faire juter et appliquer... ». Le Poireau, l’Oseille cultivée ou l’Oseille sauvage sont employés pareillement. La feuille de Plantain s’applique en cataplasme. En usage externe, la décoction de Thym frais serait d’un grand secours dans le cas des piqûres de taon.

Les brûlures
Le plus communément, les brûlures sont soignées par l’application d’une préparation à base de plantes et de corps gras. La macération de fleurs de Millepertuis perforé dans l’huile est sans conteste le remède le plus prisé. On lui substitue parfois celle de Lys blanc. Quelques-uns préparent des onguents à base d’Avoine, de Buis ou de Joubarbe des toits. Plus simplement, d’autres recouraient à l’huile de Colza ou de Navette, cultivée pendant la Seconde Guerre mondiale. Les cataplasmes de Pomme de terre passent pour souverains dans le soulagement des brûlures. Coupé en deux, le tubercule s’emploie en friction sur la lésion. Râpé, il se pose en cataplasme.

Les engelures
Le Bouillon blanc est administré dans le traitement des engelures: «Infuser des fleurs dans quelques litres d’eau. On y fait un petit bouillon. Laisser tiédir, y mettre les pieds. Faire des bains tout le temps que les engelures persistent». Autre médication populaire, les bains répétés dans une infusion de feuilles de Noyer ou de plante entière de Céleri ont une action bienfaisante, tout comme ceux de Reine des prés: «Tous les soirs au retour de l’école on trempait les pieds dans une décoction de Reine des prés pour les engelures». En friction, les tubercules d’Oignon ou de Tamier commun, ainsi que l’application de poudre de Vesse de loup, apaiseraient également les engelures.

Les coups et hématomes
La teinture d’Arnica des montagnes mérite sa réputation de préparation classique pour le soin des coups et des hématomes. Sur les coteaux calcaires, est utilisée sa proche parente, l’Inule des montagnes. Les cataplasmes de fleurs infusées de Reine des prés, de Séneçon commun ou de Sureau noir sont réputés. Cette dernière espèce est encore utilisée pour ses baies, écrasées et posées sur la lésion. Les pommades à base de Souci des jardins ou de Millepertuis perforé sont très répandues. Les macérations alcooliques d’Aurône mâle, de Lavande ou de Balsamite possèdent aussi des propriétés résolutives.


L'Arnica

Plaies purulentes, maux blancs et panaris
Pour les boutons et plaies purulentes sont prescrits les cataplasmes de feuilles de Morelle noire enduites de crème, de Sceau de Salomon, de Sedum reprise ou de Sedum remarquable ainsi que les compresses de fleurs de Sureau noir infusées. Les espèces végétales couramment citées pour le soin du mal blanc ou du panaris sont le Lys blanc et l’Oignon. Le premier est réputé pour l’action de ses pétales macérés dans l’alcool et appliqués en cataplasme. Du second, on récolte les «épluchures», écailles externes, éventuellement passées au four. Parfois, le tubercule entier cuit est écrasé et posé dans une mousseline sur le panaris. Les cataplasmes de Bouillon blanc ou de fleurs infusées de Guimauve officinale, de Sureau noir ou d’Ortie blanche y exercent aussi une action émolliente. Sont souvent citées les applications de feuilles de Chou, de Chèvrefeuille, de Plantain, de Poireau, de Sceau de Salomon ou de Patience sanguine, tout comme celles de pétales de Rose ou de Rose trémière. Conservées dans l’eau-de-vie, les feuilles de Listère à feuilles ovales soignaient en cataplasme le mal blanc.

Les cors
Donnant naissance aux actuels pansements thérapeutiques pour le traitement des cors, les feuilles de Saule en sont le remède populaire. Appliquées fraîches ou macérées 8 jours dans l’alcool, elles sont douées de propriétés coricides. D’une action similaire, les feuilles de Joubarbe des toits sont soit placées fraîches sur le cors, renouvelées chaque jour, soit attendries: «Macérer les feuilles pendant trois jours dans du vinaigre de vin. Appliquer les feuilles sur les cors. On fait des applications pendant 8 jours. Les cors deviennent blancs et disparaissent». La Théorie des Signatures sous-tend l’emploi de cataplasmes de racines, fraîches et écrasées, de Sceau de Salomon ou d’Iris germanique. On frotte aussi le cors avec une gousse d’Ail pilée ou bien des fleurs et des feuilles fraîches de Chèvrefeuille. Les bains de pieds dans une décoction d’écorce de Chêne se révéleraient aussi très utiles. Les fleurs de Souci des jardins broyées et placées sur les durillons les feraient disparaître.

Les soins de beauté
L’Ortie blanche et la Saponaire officinale étaient recherchées en guise de shampooing: «La Saponaire, ça mousse bien. Une poignée de fleurs, feuilles et tiges, tout est bon! ». Afin de rendre les cheveux brillants, certaines femmes se rinçaient la tête avec une infusion de Thym ou une décoction de feuilles de Noyer. Ces dernières étaient encore macérées dans l’eau-de-vie pour en mettre sur les cheveux tous les jours, ce qui «donnait des cheveux brillants qui ne tombaient pas». Soucieuses de conserver la blondeur de leur chevelure, quelques femmes effectuent le dernier rinçage avec une décoction de Grande Camomille.

Galerie photo

  • Bardane en fruits
  • Cataplasme de chou
  • Lis blanc
  • Tamier en fruits
  • Tamier

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