Chaumier
La toiture en chaume est le produit le plus original, généré par l'économie rurale traditionnelle en Morvan.
Le couvreur en paille est souvent un petit journalier - propriétaire qui complète son maigre revenu en exerçant un métier complémentaire -. Il travaille dans son village, mais peut aussi porter son savoir-faire sur l'ensemble du territoire du Morvan. A l'inverse du sabotier ou du meunier, il n'a pas à investir dans un outillage perfectionné. Son équipement est bien léger :
- Le bâton, pour faire pression sur les perches,
- La pelle ou polotte, en chêne, dont les trous taillés sur la moitié de l'épaisseur permettent de repousser le pied de la paille pour commencer la pente du toit,
- La genouillère, en étoffe rembourrée, assez forte, pour ne pas se taler.
Le couvreur arrive vers cinq ou six heures du matin. On commence par boire le café. Une partie de la matinée est alors passée à découvrir et à préparer ; à huit heures, on mange la soupe de légumes avec du pain et du lard. Les hommes de la maison mangent avec le couvreur. On prépare alors la paille, les perches de noisetier, les liens en osier ou en bouleau. Le paysan employeur ou un jeune apprenti (souvent le fils du couvreur), le pailleton, passent les bottes sur le toit, montés sur une échelle ou à l'aide d'une fourche à long manche.
Le couvreur place d'abord de toutes petites bottes, les torches, qu'il attache sur le bord du couvert pour démarrer la bordure. Il commence par le bas. En s'appuyant sur cette bordure, il commence alors son premier rang. Il pose l'une contre l'autre les 'mécheunes', en les serrant le plus possible, l'épi vers le haut. La paille est déliée à un bout, et à l'autre glissée sous la perche. Le bâton sert à presser sur la perche pour y glisser la botte. Chaque botte est ajustée avec la polotte.
.Après chaque utilisation de la polotte, celle-ci est plantée la pointe dans le couvert déjà fait. Le début du rang est maintenu par une perche de noisetier piquée dans la paille de bordure. La perche est attachée par des branches de bouleau, riottes ou rouettes assouplies par trempage.
Le couvreur réalise à chaque fois une montée, c'est-à-dire une largeur d'environ 50 à 60 centimètres, et ainsi de suite jusqu'au faîte. Arrivé sur la faîtière, il rabat la paille et l'attache. Il termine par le mottage, c'est-à-dire la pose et la fixation, par des piquets de noisetier, des mottes d'herbes retournées.
Ces mottes sont montées à dos d'hommes, la tête protégée d'un sac. Un seul homme peut en monter cinq ou six.
Une telle couverture peut durer vingt à trente ans selon l'exposition au vent. En réalité, le couvreur revient fréquemment, pour gratter la mousse à l'origine des rétentions d'humidité et procéder à des retouches.
Les incendies, fréquents, font revenir le couvreur. Ainsi le travail ne manque pas pour ces spécialistes.
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